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Obsessions Colorees

A series of paintings showcasing the human obsession with color

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///// OBSESSIONS COLORÉES VID COHEN PARCOURS DA Expositions pErsonnEllEs 2009 Urban Gallery, Come se fosse olivi, Paris 2004 Galerie Jardin, Les pendus, Paris 2000 Galerie Jardin, Feuilles et couleurs, Paris 1997 Hammam Café, Têtes et personnages, Paris 1997 Les Broches à l’Ancienne, Têtes, Paris 1994 Maison des Conservatoires, Abstractions colorées, Paris Expositions collEctivEs 2009 Urban Gallery, Inauguration, Paris 2008 DIMA Galerie, From Paris, London 2007 Galerie Sophie Bismuth, Selections, Paris 2000 Nicasiuszaal, On the Way 20.21, Antwerpen 1999 Galerie Dépôt Matignon, Le corps, Paris 1998 Galerie Hélène de Roquefeuil, Petits Formats, Paris 1998 Galerie Dépôt Matignon, Collectif, Paris 1993 Multiplex UGC, Bleeker Street au cinema, Lille 1992 Studio 902, Bleeker Street at TV studio, La Plaine St Denis 1990 Grand Palais, Salon de la peinture à l’eau, Paris 1989 Manège Royal, La peinture d’inspiration biblique, St Germain en Laye conférEncEs 2007 Palais de Tokyo, 26 avril, Paris La figure du double Dans le cadre de l’exposition Matière / Antimatière OBSESSIONS COLORÉES 20p.indd 3 23/03/12 11:26

Rouges David Cohen Peintre, Psychiatre d’enfant et d’adolescent Rouge 1 La peinture fait partie de ma vie depuis mon plus jeune âge. Mes souvenirs sont parfois un peu flous mais je me rappelle très exactement mon anniversaire de 4 ans. Nous venions de déménager dans un nouvel appartement au troisième étage d’un immeuble bourgeois de la fin 19ème en pierre de taille, et mes parents avaient invités un tas de monde. Deux cadeaux sont restés gravés dans ma mémoire : le pull vert kaki de Rosa, une amie de ma mère, et une boite de couleurs à l’huile avec un carton encollé. C’était la première fois et j’y ai pris tout de suite goût. Après la mort de mon père – j’allais avoir 7 ans – les adultes ont du pensés que « s’exprimer par la peinture » devait me faire du bien. Alors je recevais toutes sortes d’encouragements : couleurs ou toiles offertes, commandes personnalisées, visites de musée ou d’exposition. A l’époque, ma série la plus féconde regroupait des portraits d’indiens sur fond violet très franc, juste de l’outremer mélangé à du vermillon. Je m’identifiais à leur statut de peuple opprimé par l’histoire et l’ignorance. Je savais tout d’eux : leurs traditions, leurs diversités, leurs tribus… Moi l’orphelin qui comme eux avait du faire face à l’injustice et à la culpabilité qu’elle imprime à l’enfant : il ne sait pas pourquoi les choses arrivent et il se demande s’il n’y est pas pour quelque chose. La pensée magique, il y croit. Les pensées furtives ou les fantasmes sont encore presque réels à cet âge. A cette époque, en quelque sorte ma préhistoire à moi, le rouge était totalement absent de ma peinture. Est-ce une couleur qui fait peur à l’enfant ? Pourtant j’ai toujours aimé les couleurs. Même aujourd’hui je me considère avant tout coloriste et très peu dessinateur. Je suis même un piètre dessinateur. J’en avais conscience dès petit surtout lorsque j’essayais de copier des reproductions de toiles de maitres. J’en ai fait même une sorte de complexe qui m’a conduit à décider d’arrêter la peinture pendant mon adolescence. Je me suis mis au basket, à la guitare classique – une très belle expérience – et me suis engagé dans des études de médecine tout de suite après le bac conformément aux vœux que je m’étais fait après la mort de mon père. Il était mort d’un cancer ; je serais cancérologue. Finalement, j’ai opté pour la psychiatrie de l’enfant. Alors le rouge dans tout ça ? Le rouge arrive comme un commencement ou plutôt un retour vers la peinture. En effet, deux évènements m’ont amené à reprendre la peinture. Evénements est un bien grand mot puisque ils n’ont de sens que pour moi. Moments de vie signifiants, devrais-je dire. Le premier est un diner. C’était pendant l’un de mes premiers séjours à Rome chez ma tante Liliane, une des sœurs de ma mère. Elle m’avait emmené chez une copine à elle avec qui elle travaillait. Devant moi, il y a avait une reproduction d’un portrait de jeune fille de Miro. Ce portrait m’a habité toute la soirée et bien après. Il m’a convaincu qu’on pouvait faire du beau, du poétique avec des couleurs sans savoir dessiner, ou si peu. Je n’ai compris cela que bien plus tard lors d’une exposition Paul Klee et la musique qui avait lieu au Centre Beaubourg à Paris. La, j’y lus les propos que Klee tenait après son voyage en Tunisie et sa découverte de la couleur. Expérience que d’autres avaient fait avant lui ; Delacroix au Maroc. Moi c’était Miro en affiche lors d’un diner. Après il y eut aussi, Kandinsky, De Koenig, Rothko, Pollock, Shiraga Kazuo… Le second évènement, ou moment de vie signifiant, est une lecture. Il s’agit du commentaire de l’alphabet hébraïque par un rabbin du moyen âge, Rav Yehuda Halevi. J’ai d’ailleurs recherché le livre avant de me lancer dans ce petit récit mais ne l’ai pas retrouvé dans le désordre de l’atelier. Son commentaire m’était apparu comme une œuvre que je devais peindre. Et alors je m’y suis remis, j’étais tout juste en première année de médecine. Mais je n’ai jamais réalisé le projet. Comme s’il fallait qu’il me reste quelque chose à faire. A me relire aujourd’hui je me demande si ce projet jamais commencé n’est pas la source de mon inspiration. Chaque lettre avait sa signification et son commentaire. Le daleth ד, c’était le sang ou le rouge. C’est-à-dire מד (prononcer DAM) en hébreux ; l’homme se dit מדא (prononcer ADAM). Ce qui les différencie tient en une lettre le aleph א, première lettre de l’alphabet. Elle symbolise la vérité ou טמא (prononcer EMET) en hébreux. Mais également tout l’univers comme le αω des grecs qui déterminant le début et la fin de l’alphabet représente l’univers puisque grâce à l’écriture on peut reconstituer l’ensemble des connaissances. En d’autres termes, ce qui permet à l’homme d’advenir et de transformer le rouge/le sang immatériel en sujet vivant, c’est-à-dire à passer de מד à מדא, c’est la recherche de vérité ou א, ou encore la quête de spiritualité. Rouge 2 Cette quête de spiritualité est pour moi une évidence. Non pas qu’il s’agisse de se déterminer comme croyant ou non croyant. Il s’agit pour moi de reconnaitre chez l’humain, cette aptitude à produire, chercher et partager le poétique. Même si notre société favorise voire produit de l’art-spectacle qui confine à l’hystérie collective parfois, au narcissisme le plus creux souvent, le courant poétique résiste car il est consubstantiel de l’humain. Quant le poétique rencontre le beau, alors l’art touche au sublime. Miro quand il révèle la poésie du grand trait rouge siégeant devant les taches noires dans le Bleu II. Villon quand il en appelle à la compassion de l’humain dans la balade des pendues. Puis ça, puis la, comme le vent varie, à son plaisir sans cesser nous charrie… mais priez Dieu que tous nous veuillent absoudre. Krajberg quand il s’insurge devant la disparition de la forêt tropical sous OBSESSIONS COLORÉES 20p.indd 4 23/03/12 11:26

les flammes des marchands et qu’il nous montre la beauté des restes calcinés. Lui qui a échappé à la Shoah. Shakespeare quand Timon le reclus qui connut la richesse et les honneurs d’Athènes, partage avec nous ses méditations sur la médiocrité de l’âme humaine. Avec un inconnu cherchant à rendre visite à son fils que son ex ///// OBSESSIONS COLORÉES femme instrumentalisait, quand il m’écrit alors que j’essaie de l’aider, rouge sang, rose beigne, dans un climat que gère le temps… Avait-il lu lui aussi le commentaire de Rav Yehuda Halevi ? Cette rencontre m’avait d’ailleurs permis de reprendre le rouge comme idée constitutive de projets picturaux. La sieste ou le fond de la mémoire est rouge. Réalisé dans les années 90, je voulais rendre comte du plaisir serein de la sieste à grands traits de VID COHEN bleu de Prusse sur fond blanc suggérant ici un œil clos et ses longs cils, là un corps allongé, hypotone, engourdi DA de sommeil. Une tache rouge, éclatante, nous révélait la force des résurgences mnésiques qui dans nos rêves viennent perturber cette tranquille sérénité. Traumas, scories de nos biographies… le rouge s’imposa encore. Toujours dans cette même veine, j’ai aussi proposé au début des années 90, une série à un financement public. C’est ma seule expérience de ce type. En France alors, une politique culturelle incitative nous y invitait. Je voulais transpeindre la période des 10 jours de pénitence. C’est-à-dire la période entre Roshashana (le nouvel an) et Kippour (le grand pardon) pendant laquelle dans le calendrier hébraïque, chacun s’interroge sur ce qu’il a fait, médite sur qui il est, pense être ou devrait être, et s’engage à plus d’humanité. Le projet consistait à peindre après méditation une toile abstraite par jour de pénitence à partir de l’opposition efficace du blanc et du noir, symboles de l’opposition bien/mal, et de rouge Cadmium puissant, très pur en pigment, symbole du tourment de l’âme humaine. Il n’y avait la rien de religieux selon moi, d’ailleurs cette question du retour sur soi, du questionnement intérieur et de la pénitence dépasse largement la seule question du religieux puisqu’elle est omniprésente même dans des philosophies agnostiques. Au-delà de mon âge, de l’absence de professionnalisme dans ma démarche artistique, ou même de la faisabilité du projet, celui-ci fut rejeté car je cite « on ne pouvait – en 1990 – financer de projet à caractère confessionnel ». Je savais que je prenais un risque à présenter les choses sur ce mode. Mais enfin j’étais juif, peu pratiquant… alors les 10 jours de pénitence avaient un sens pour moi. J’aurai aussi pu parler du Carême, du Ramadan, des retraites en tout genre… montrer la généralisation du concept de pénitence pour en faire un invariant acceptable… peut être. Mais je trouvais aussi absurde de voir comment une certaine pensée conventionnelle s’arrogeait à faire croire que l’art du 21eme siècle devait s’affranchir de toutes références religieuses comme ci l’avènement du contemporain se discutait, après le triomphe de la science, par exclusion du religieux. Ces critiques avaient-ils oublié que jusqu’alors le religieux avait été l’une des principales sources de la recherche artistique ? Encore tout récemment, Gaudi réalisait les plans d’une cathédrale ; Braque, Matisse ou Chagall s’attaquaient à des édifices religieux. Mais ce ne sont encore que des artistes modernes. Nous ne sommes pas encore dans le contemporain. Nuances Monsieur ! Ces intellectuels, conservateurs ou critiques, pensent-ils vraiment que la simple provocation de leur cercle établi constitue en soi une œuvre d’art ? Marcel Duchamp qui est souvent cité par les mêmes, à juste titre, comme artiste clé de la transition contemporaine, se gardait bien de parler d’œuvre d’art à tout bout de champ. Bien de ces œuvres aujourd’hui déifié – j’ose le mot – ne sont pour lui que des « gestes d’art ». Avait-il conscience du risque consumériste ? C’est-à-dire du risque de voir apparaître des œuvres répétitions du même comme un produit, une marque à consommer ? De voir disparaître la sculpture, sauf celle qu’autorisent les répliques à l’infini en résine, plastique ou autre matière bon marché achevant définitivement la frontière avec le décoratif ? Avait-il anticipé la disparition de la peinture – qui était presque complète dans les années 90 dans les musées officiels – au profit des performances ou vidéo ? Dans bien des cas, il suffisait de se filmer en train de peindre ou de faire une « œuvre d’art » pour que le film en devienne une aussi. Voila Narcisse qui arrive à grands pas. La vie de l’artiste devient œuvre en soi, son œuvre en toute simplicité. Il n’a plus de question à se poser puisqu’il est une œuvre, même s’il faut tout de même concevoir les prochaines mises en scènes. L’important est de faire du bruit non pas d’offrir du sens. On aboutit à un grand vide le plus souvent même si quelques exceptions heureuses – comme Nan Goldin chez qui montrer sa vie en particulier celle de sa sœur et de sa famille reste un acte poétique – sont à souligner. Rouge 3 Depuis ces premiers pas, une peinture surtout d’aplats colorés à partir de compositions réfléchies, parfois même détaillistes – j’exagère un peu quand même – mon travail a évolué vers une synthèse cherchant à équilibrer couleurs et matières. Je ne suis pas devenu dessinateur – et ne le serait jamais – mais c’est dans la confrontation en couleurs entre elles, entre couleurs et matières que j’essaie de faire surgir ce mouvement poétique dont je parle plus haut. Transformer la matière par la couleur. Réincarner le rebut, le mort par la couleur. Végétaux, ossements, haillons et vêtements… Bleus, rouges, jaunes, ocres, verts, pourpres… Car le rouge est maintenant presque toujours présent. Rouge et jaune quand je veux évoquer la chaleur, la puissance du soleil, la passion, la force de la présence. Rouge et brun quand il s’agit d’inscrire la peinture dans la tectonique, la pierre ; de refroidir cette chaleur incandescente de certains rouges cadmium en le confrontant aux ocres qui tire de lui leurs forces. Rouge et pourpre quand je veux retrouver quelque chose de profond, voire méditatif car, dans ce cas il nous faut toujours un peu de bleu. Mais comme le rouge le réchauffe alors. Pourquoi les indiens de mon enfance surgissaient-ils d’un fond violet ? Avais-je alors aussi besoin sans le savoir de méditer sur ma condition profondément injuste mais aussi que le rouge vienne réchauffer la froideur du bleu, pourtant si sereine ? Car le rouge n’est pas que scorie ou traces traumatiques, il est aussi l’expression des pulsions, celles qui arrivent quand on ne les attend pas, les mêmes qui perturbent notre sommeil ou nos vies mais qui en sont probablement aussi la source. Le rouge c’est tout cela aussi. OBSESSIONS COLORÉES 20p.indd 5 23/03/12 11:26

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